« Ca gèle encore à pierre fendre ce matin ! Quelle poisse ! »
Tout nain que je sois, c’est pas que je me fasse un devoir de grogner dès que les premières lueurs de l’aube entreprennent de chatouiller les sommets, mais bon … c’est vrai quoi … on se les caille ici.
Voilà quelques temps maintenant que j’ai entrepris ma formation de guerrier, reprenant ainsi à mon compte l’héritage d’une longue tradition familiale qui se perd dans la nuit des temps.
Mon grand-oncle Glugnur, un vieux briscard un peu lettré qui s’est toujours passionné pour la généalogie, a pu remonter jusqu’à un certain Ethrock « la Bourrasque » qui se serait distingué, aux premiers temps de la Guerre des Trois Marteaux, en clouant sur place, à lui seul, un renfort d’une quarantaine de Sombrefer surarmés au sommet d’un col.
J’ai entendu dire que, l’aïeul devant son surnom à sa capacité à beugler comme un ours assis sur un nid de guêpes, et que, l’affrontement ayant eu lieu de nuit, les Sombrefers se seraient trouvés tous paniqués, persuadés d’avoir à faire à une créature monstrueuse qui décimaient ainsi leurs premiers rangs à grand coups de doloire.
De mauvaises langues insinuent de surcroît que, « La Bourrasque » n’ayant pas une hygiène des plus strictes, même pour un nain, ses effluves corporels auraient parachevé l’illusion.
C’est sûr, c’est pas flatteur, mais ça donne une bonne occasion de mettre de l’ambiance à l’auberge.
Bref, la famille présentée, reste votre serviteur.
Pas grand-chose à dire sur moi cependant. D’ailleurs, contrairement à ce qu’on pourrait croire en lisant ce qui précède, je ne suis pas bien bavard.
La condition de guerrier ne donne pas beaucoup l’occasion de discuter faut dire : la plupart du temps, on tape d’abord et on cause après ; et souvent, après, y en a un qui est fatigué et qu’a plus rien à dire …
On se réserve pour les âges avancés faut croire. Ces âges où on pourra ressasser nos combats épiques passés autour d’une chopine ou en faisant sauter nos arrière-petits-enfants sur les genoux.
Enfin … si on y arrive ... aux âges avancés …
Bref, me voilà, Aïrk, nain, guerrier, ingénieur et un peu mineur sur les bords, debout, la hache au côté dans l’air vif et les rayons du soleil levant de Dun Morgor.
Mais, contrairement à beaucoup de ceux de ma race (mais tout comme vous, compagnons de la Guilde), j’ai les pieds qui me chatouillent autant que la lame et je ressens l’envie de voir se qui se cache au-delà des pics enneigés qui dessinaient jusque là mon horizon.
Il sera toujours temps de s’enterrer plus tard, le moment venu.
Alors, hardis compagnons, que l’aventure commence …